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Historique de la verrerie à LAIGNELET
( Voir photographies de la verrerie de LAIGNELET à la fin de l'historique )
La Verrerie de la Hellonière à Laignelet
(Ille et Vilaine)
Avec l'arrivée de maîtres verriers italiens venus de Normandie au 16ème siècle, on voit les prémices de la verrerie locale.
C'est Jacques de BIGAGLIA qui exerce cet art au 17ème siècle dans la forêt de Glaine à la Bazouge du désert en ille et vilaine et sur les communes environnantes.
En 1711, Jacques de MESENGE, un autre maître verrier, épouse Françoise de BIGAGLIA, fille de Jacques de BIGAGLIA et de Françoise de BROSSARD. Son père, Philippe, exploite depuis 1648 la verrerie de la Hellonière en Laignelet en même temps que la verrerie de Sains près de Domfront.
Grâce à cette alliance, la verrerie de Laignelet restera jusqu'au milieu du 18ème siècle aux mains de trois familles de verriers : les de BIGAGLIA, les de MESENGE et les de BROSSARD.
En 1729, cette verrerie passe aux mains du fils de Jacques de BIGAGLIA, Gabriel, puis de son petit-fils Pierre qui meurt en 1805.
Les frères DUBOURG en deviennent alors propriétaires en 1809. Mais après plusieurs périodes de fermeture et un incendie, c'est Joseph LE PAYOT DU TEILLEUL qui en reprend les rênes en 1817.
Aux environs de 1845, les frères LECLERC sont aux commandes de trois verreries dans le pays de Fougères.
Celles de la Hellonière à Laignelet, de la Haie d'Hirée à Saint Rémy du Plain et de La Ballue à Bazouge-la-Pérouse.
Ils décident alors de passer la direction de la verrerie de la Hellonière à Henry CHUPIN, défenseur d'idées démocratiques chrétiennes au sens où on l'entendait au 19ème siècle. Celui-ci va désormais instaurer un système social qui prendra en charge l'existence entière des ouvriers et de leurs familles, "de la naissance à la mort".
La communauté compte à cette époque 350 membres. Une grande partie du personnel est logée par l'entreprise moyennant une petite redevance. La communauté s'organise autour de la religion et une première église est construite en 1898. Celle-ci sera détruite par un incendie au début du 20ème siècle. A la demande d'Henri CHUPIN, une seconde est construite en 1920.
Mais les loisirs ne sont pas pour autant oubliés et dès 1899, une bibliothèque est créée. Viennent ensuite une société de gymnastique, une fanfare et une troupe de théâtre.
Le 14 Juillet, jour de fête nationale, devient aussi "La fête de Monsieur Henri" à laquelle assiste assez souvent Théodore BOTREL, célèbre chantre breton, compositeur de la fameuse "Paimpolaise". Celui-ci était un ami d'Henry CHUPIN.
Sur le plan social, on voit également la création d'un Syndicat Mixte en 1898 composé de 8 membres : 7 représentants, des ouvriers et un président de droit, le directeur. Ce syndicat traite de l'hygiène, des salaires, des primes, de la discipline intérieure et gère les infrastructures sociales.
Entre 1818 et le début du 20ème siècle, la cité ouvrière de la Hellonière s'est considérablement agrandie jusqu'à atteindre 8 hectares. Elle s'est développée le long de la route nationale qui borde la forêt, car l'usine, qui est dotée de 2 fours contenant chacun 8 creusets pour la fonte du verre et de 3 chaudières pour la fonte du salin, qui nécessite 800 cordes de bois de hêtre par an pour son fonctionnement. Vers 1871, un four à charbon est cependant installé.
Vers 1871, un four à charbon est cependant installé.
Une gravure de l'époque, qui donne une vue un peu idéalisée, nous montre l'étendue de ce site.
D'un côté de la route, on reconnaît les bâtiments industriels, la maison de famille, la cantine et le café, l'économat, la maison du comptable, la chapelle et la maison du forgeron.
Derrière cet ensemble, se trouve une ferme, un vélodrome et une baignade où les verriers et leurs familles se retrouvaient le dimanche après-midi après une semaine de travail pour un moment de détente. De l'autre côté de la route, s'étendent quelques habitations, le cercle et le terrain de football.
Le site industriel proprement dit se compose d'une grande halle où sont accolés deux bâtiments de poterie qui servaient à l'élaboration des creusets et à la fabrication des moules.
On trouve également un atelier de finitions et de décoration occupé par des femmes, des jeunes filles et des enfants.
Un catalogue datant de 1912 montre que la gamme de fabrication était très importante : art de la table, matériel de chimie, objets servant aux loisirs, etc…
Un autre bâtiment est occupé par les bureaux et à l'arrière par l'atelier d'empaquetage des verres.
Un troisième bâtiment appelé "bâtiments aux poisons" sert de réserve pour les constituants entrant dans la fabrication du verre, dont certains dangereux tels que l'arsenic.
Mais la guerre de 1914-1918 marque une première rupture avec le système paternaliste de "Monsieur Henri".
Les esprits évoluent car en front, les ouvriers ont l'occasion d'échanger leurs expériences de vie.
En 1919, une première conférence est organisée à la verrerie à l'initiative de l'Abbé BRIDEL aux idées novatrices.
Cela contribue à provoquer une brèche dans le système édifié par Henri CHUPIN. Un syndicat autonome est créé, ce qui mécontente le directeur, mais conforte les verriers dans leurs revendications.
Une première grève a lieu le 26 avril 1920. Monsieur CHUPIN, qui ne supporte pas ce climat délétère, décide alors de licencier le secrétaire du syndicat.
Malgré des négociations engagées, le directeur refuse de revenir sur sa décision. Par solidarité, les ouvriers se mettent en grève le 3 janvier 1921.
La situation devient vite intolérable car les verriers, qui étaient logés par l'usine, se retrouvent rapidement sans toit ni ressources.
Ayant contribué à la création du syndicat, l'Abbé BRIDEL se sent un peu responsable de cette situation.
Il décide alors de construire une nouvelle usine près de la gare de Fougères et de mettre en place une coopérative ouvrière de production en faisant appel à des souscripteurs.
C'est ainsi que la nouvelle structure vit le jour en 1921 et que la plupart des ouvriers grévistes retrouvent un travail.
À partir de cette période, la verrerie de la Hellonière, qui n'a pas pu s'adapter aux changements de la société industrielle, connaît un lent déclin.
Le système mis en place par Monsieur Henri CHUPIN devient également obsolète.
L'entreprise devra déposer le bilan quelques années plus tard et fermera définitivement ses portes en Avril 1934.
De ce riche passé verrier, ne subsistent actuellement que la chapelle devenue un atelier de sculpteurs, la demeure du Directeur, la maison de famille et la maison du comptable.
Les quelques bâtiments industriels encore existants ont été transformés en habitations par des particuliers à partir de 1939.
A l'initiative de Monsieur André PHILIPOT, Maire de Laignelet, l'Association des Amis des Verriers du Pays de Fougères a été constituée en novembre 2007.
Celle-ci, qui a son siège social à Laignelet, a pour but de promouvoir le patrimoine verrier par la collecte, l'inventaire et la mise en valeur de ce patrimoine, par la transmission aux jeunes générations de ce savoir-faire exceptionnel, et est effectuée au travers d'animations dans les différentes écoles de la ville de Fougères.
Récit élaboré par Maryvonne GARLAN, trésorière de l'association, secondée par Loic GAUTIER, Président de l'association, pour la mise en page.
gros-oeuvre : schiste ; moellon ; enduit ; béton ; parpaing de béton
couverture (matériau) : ardoise ; ciment amiante en couverture ; métal en couverture ; tôle ondulée
étages : 1 étage carré ; étage de comble
couverture (type) : toit à longs pans ; croupe ; demi-croupe
état : établissement industriel désaffecté
propriété privée
date protection MH : édifice non protégé MH
type d'étude : patrimoine industriel
date d'enquête : 1998
rédacteur(s) : Gasnier Marina
N° notice : IA35000596
© Inventaire général, 1998
Dossier consultable : service régional de l'inventaire Bretagne
Hôtel de Blossac - 6, Rue du Chapitre 35044 RENNES
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Quelques objets de la verrerie de LAIGNELET
Paires de vases
BIBERON en verre ( Page 41 du catalogue de 1912 )
Baril à pêcher ( Voir sur le catalogue Page 41 )
Autres paires de vases signé LAIGNELET
Vase
( Décor automnal )